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Dédié à ceux qui aiment lire, aux livres de tous horizons, aux plumes de toutes inspirations, ce blog publie régulièrement quelques mots, sur ... un bouquin. Quelques livres de psycho mais aussi des romans de train, savourés pendant de longues heures passées dans le transilien, voilà ce que vous y trouverez.


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A bientot et bonne lecture. Anne-C



dimanche 4 novembre 2007

C.DEJOURS - Souffrance en France

Souffrance en France – La banalisation de l’injustice sociale
Christophe DEJOURS

Editions du Seuil, Paris, Janvier 1998
Collection L’Histoire immédiate
ISBN 2-02-032346-X
183 pages




Thèmes


- Souffrance liée à l’emploi
- Souffrance liée au travail



Concepts

Le zèle : activité qui dépasse la simple exécution des procédures, et qui permet l’efficience d’un système. L’ensemble de ces pratiques mises en œuvre volontairement et tacitement par le travailleur répond à la peur de rendre visibles ses difficultés et d’être considéré comme incompétent. L’intensification du travail résulte de la peur de licenciement et de la compétition entre le travailleur statutaire qui lutte pour garder son travail et celui qui est à la recherche d’emploi (même menace entre jeunes et anciens). Il n’y a donc pas de production sans zèle de la part des opérateurs. On parle d’intelligence dans le travail, qui s’exerce dans un but d’efficience en marge des procédures, en commettant des infractions aux procédures (intelligence = caractéristiques cognitives ET affectives). La motivation à développer des moyens et des anticipations de la production repose donc sur la peur.

La « stratégie de la distorsion communicationnelle » : la distorsion implique la participation des nombreux acteurs de l’entreprise mais pas la responsabilité. Le compromis est la confrontation des points de vue et des opinions des opérateurs, fondés sur l’expérience et l’information perçue par les différents acteurs. A la base de cette distorsion, il y a le déni du réel du travail et de la souffrance dans le travail. La distorsion communicationnelle va par la suite s’étayer sur l’idéologie défensive (qui va permettre de blanchir l’activité) et enfin sur la rationalisation du mensonge. Par la banalisation du mal, le processus « permet de tromper le sens moral sans l’abolir » (p116)

Le réel, c’est ce qui « se fait connaître au sujet par sa résistance à la maîtrise, au savoir-faire, à la compétence, à la connaissance, voire à la science. L’expérience dans le travail se traduit par la confrontation à l’échec. » Dès lors, le déni du réel renvoie l’échec comme l’expression de l’incompétence, du manque de sérieux…d’une défaillance relevant de l’homme (le « facteur humain »).

« Le travail, c’est l’activité coordonnée des hommes et des femmes pour faire face à ce qui ne pourrait pas être obtenu par l’exécution stricte des prescriptions »

Le management à la menace, par la précarisation de l’emploi, constitue un obstacle à l’apparition de la vérité et favorise le secret et le chacun pour soi. Le travailleur est paradoxalement complice de ce système par son silence.

Le discours sur l’activité s’étaye sur les résultats positifs de la production mais ne mentionne pas l’échec ou le défaut (« Mensonge institué »)

Face au discours d’enrôlement et de valorisation du mal, les « collaborateurs » (// nazisme p95) reçoivent le mal comme norme de conduite. Deux types de stratégies de défense se mettent en place : la stratégie collective (liée à la virilité) et la stratégie de défense individuelle (des « œillères volontaires » = « garder le nez sur le guidon » p150, de la répression pulsionnelle dans le cas du travail répétitif p122, du « clivage forcé » p147) Mais la stratégie de défense est ambiguë (aliénation du sujet à la reconnaissance de sa contribution, dégâts affectifs et cognitifs, fermeture de l’accès à la sublimation (p123 – 124) et émergence de la compulsivité) mais elle est aussi instable (la stratégie collective s’effondre en cas de réforme et si le sujet ne parvient pas à mettre en place une stratégie individuelle, 2 types de décompensations psychopathologiques : effondrement et révolte p154)

Pour comprendre la conduite de masse qui cautionne la banalisation du mal et qui coopère à l’ériger comme norme de conduite, Dejours pose le travail comme dénominateur commun. En terme psychopathologique, il analyse une configuration de « rétrécissement de la conscience intersubjective » comme organisation psychique (implication dans le monde proximal mais indifférenciation de ce qui appartient au monde distal, normopathie dans le cas Eichmann (p143) démontré par H.Arendt, cas néanmoins peu fréquent …) Dejours postule un « comportement normopathique » p147 (analyse psychodynamique du travail) comme stratégie défensive pour lutter contre la souffrance générée par la peur. Cette défense est localisée (clivage du moi).

« La division sociale du travail favorise incontestablement le rétrécissement concentrique de la conscience, de la responsabilité et de l’implication morale » (p149)




1 Extrême normalité, intégration d’un sujet du point de vue social et relationnel, personnalité peu créative et sans originalité, qui n’est pas perturbé par la culpabilité ou la compassion et ne voit pas que les autres ne réagissent pas comme lui…

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